CHANTIER NAVAL: POURQUOI TANT DE RANCŒUR?

Tribune de Sébastien MADAU
40 ans
Membre du PCF depuis 2002
Fils de métallo soudeur au CNC
La Ciotat vit une intense campagne des Municipales. Et c’est tant mieux. Alors que le scenario du 2ème tour voit s’affronter deux listes de droite (dont celle du maire sortant Patrick Boré), la liste de
Rassemblement de la gauche et des écologistes conduite par Karim GHENDOUF, et celle de l’extrême-droite, certains ont cru bon de sortir du chapeau un étrange sujet de discussion : le Chantier naval.
Si le site industriel naval devrait être un sujet de consensus -au nom de son histoire, de son présent et de son avenir- certains l’ont instrumentalisé pour en faire un argument d’attaque contre la liste de gauche qui défend le développement du Chantier dans son projet. Pourquoi tant de rancœur ?
Pourquoi dans leur bouche le mot « Chantier » est-il prononcé telle une insulte, comme signe des temps passés ?
Le samedi 30 mai, Lionel GIUSTI -5 ème au 1 er tour - annonce son ralliement à Mireille BENEDETTI (UDI soutenue par En Marche) refusant de considérer Karim GHENDOUF -pourtant arrivé en tête des opposants au maire au 1 er tour- comme légitime pour conduire une liste de rassemblement élargi.
Motif : « L’époque des CNC est terminée » Des mots forts non dénués de sens quand on sait qu’ils étaient prononcés il y a 30 ans par le maire UDF « pro-marina » Jean-Pierre LAFOND. UDF dont Lionel GIUSTI a été membre.
Le 20 juin, c’était au tour du candidat lepeniste Hervé ITRAC d’y aller de son refrain en qualifiant la tête de liste de la gauche de candidat « de l’époque du chantier naval ». Visiblement, l’extrême- droite a encore en travers de la gorge le jour où Jean-Marie LE PEN a été empêché de pénétrer sur le
site par les salariés aux débuts des années 2000 dans une pitoyable tentative de récupération politique.
Dans un classique débat d’idées gauche-droite n’y a-t-il pas d’autres arguments à trouver pour décrypter voire critiquer le projet de ses concurrents ?
Au final, ce qui, dans leur bouche, est une insulte, est pour nous une fierté.
Non, nous n’avons pas la prétention d’être « LA liste des chantiers navals ». Qu’est-ce que cela signifierait-il d’ailleurs ? Mais notre liste s’inscrit pleinement dans le respect de l’histoire sociale de notre ville, des aspirations actuelles du monde du travail et du mouvement social.
Nous ne captons aucun héritage car il appartient à celles et ceux qui l’ont nourri durant des décennies et continuent à le faire aujourd’hui. La gauche y a contribué pour sa part. Le Chantier naval de La Ciotat est une œuvre collective, façonnée depuis près de 2 siècles par la sueur de femmes et d’hommes venus du monde entier.
Ce Chantier vit dans le monde d'aujourd’hui. Il suffit de lever les yeux vers les portiques et les grues pour voir qu’un jour il est « Charlie », un autre « Gilet Jaune » et actuellement, il « aime les soignants ».
Mais puisque vous nous collez cette étiquette, nous ne la décollerons pas.
Membre de la liste de Rassemblement de la gauche, des écologistes et de citoyens engagés, je suis fier d’avoir pour colistier Jo RODRIGUEZ qui, avec son syndicat CGT, a mené la lutte contre la fermeture du site dans les années 1980 alors que vous, à droite, souhaitiez en faire un bronze-cul.
Je suis fier d’avoir pour colistiers François COSTANZO et Nicolas PLUET, un ajusteur mécanicien et un charpentier bois d’hier, ainsi que Frédéric MARTIN, un cadre haute-plaisance d’aujourd’hui. Fred MARTIN qui
reprend ainsi le flambeau qu’avait notamment porté dignement son père Guy avec « La Ciotat au Coeur ».
Je suis également fier d’avoir pour colistière Maria MARANI, ouvrière à la chaîne et épouse de métallo à l’époque d’un combat lors duquel les femmes ont joué un rôle primordial. Enfin, je suis fier de voir que notre démarche de rassemblement de la gauche et des écologistes est soutenue depuis
le premier jour par l’ancien maire (PCF) Rosy SANNA qui fut présidente de la Semidep et sans qui, à la fin des années 1990, le site n’aurait pu connaître un renouveau grâce à l’installation de l’ascenseur à bateaux.
Je suis déterminé à soutenir Karim GHENDOUF parce que je connais sa vision et les ambitions qu’il porte sur l’avenir du site pour en faire un pôle de haute performance industrielle et innovant en termes de respect des enjeux environnementaux.
Enfin, au cas où vous l’auriez oublié, je vous rappelle qu’il y a aussi des raisons tragiques pour lesquelles l’histoire du Chantier doit être respectée. Beaucoup de travailleurs y ont laissé leur santé et leur vie. Parfois, même, le mal s’est réveillé des années après avoir posé leurs outils sur l’établi et dit au revoir aux camarades, pensant jouir d’une retraite bien méritée.
Ce drame c’est celui de l’amiante, subi par des femmes et des hommes sacrifiés sur l’autel du fric. Et aujourd’hui notre combat est aussi celui de la défense de la santé au travail, du service public hospitalier, du centre de
santé Pierre Calisti et de la Mutualité.
Vous voyez, donc, vous, à droite et à son extrême, ce que nous faisons de vos critiques. Nous les jetons dans les poubelles de l’Histoire. Non seulement, elles ne nous atteignent pas, mais, au contraire, elles nous renforcent dans notre conviction de voir le Chantier naval comme un lieu de fierté de notre ville mais aussi de formation et d’emploi pour notre jeunesse.
Vous avez tort de vouloir tourner des pages que vous n’avez pas été capables d’écrire. D’autres, bien plus redoutables que vous, s’y sont cassés les dents avant vous.
Sebastien MADAU 40 ans Membre du PCF depuis 2002 Fils de métallo soudeur au CNC